dimanche 7 août 2011

Du Pérou au Perreux

Puis l’inévitable inversion du titre arriva. Le sablier se vide, on le retourne. Un matin qui semble être comme tous les autres est en fait le dernier, mais à quoi bon se le répéter ? Adios la garua, adios chez moi, adios la combi, la catolica, adios le frigo et les étiquettes, adios les copains, adios les amis, adios toi.

Mais au moment où j’y pense, tout est déjà joué. Je ne suis pas de ceux qui accordent tant d’importance que ça à la fin. Tout se passe avant non ? C’est parce qu’on a vu Tom courir après Jerry pendant dix minutes qu’on est triste que ça s’arrête, on rigolait bien. La fin est un peu ironique. Comme le début, elle constitue un moment clé malgré tout et se déroule toujours dans un endroit à la con : l’aéroport. Là, au milieu de ces touristes qui pensent que leur pyjama orné de lamas fera impression à Charles de Gaulle, ces touristes que je me suis efforcé de dépasser, d’éviter, les revoilà, là devant moi dans cette interminable file d’attente du check in.

Cette année a été trop courte pour s’envoler déjà et trop longue pour s’en remettre comme ça. Mais s’agit-il de s’en remettre ? Je ne crois pas, je n’ai nul besoin de guérison, je ne referme pas de parenthèses. Cette année s’inscrit dans une continuité dont je ne vis que le début et que pas même les ailes d’acier de cet avion fendeur de ciel ne pourraient rompre. C’est le genre de salades auxquelles je pensais pendant que décollait cet avion qui m’avait capturé, arraché à cette vie construite ici et à continuer là bas.

J’avais nettement plus envie de rentrer que de partir. En même temps je ne rentrais pas. L’e-ticket avait beau me scander « retour », c’est deux allers simples que j’ai faits à un an d’intervalle. Le but serait maintenant de me rééduquer à la France, de rechanger de référent sans oublier celui d’ici.

Il y a 1 semaine et 5 jours que l’airbus est rentré en contact avec le tarmac d’Orly, pourtant moi, j’atterris encore. Bouleversé, grandi, affirmé, vivant, touché, coulé, assagi, optimiste, sensibilisé, renforcé, nostalgique, épanoui et profondément heureux. Nous nous reverrons j’en suis convaincu. A bientôt toi, à bientôt vous, à bientôt Peru.

Marcaway

Encore un dernier, pas très loin c’est pas grave mais je veux voyager encore avant de partir. Camper, marcher, changer d’échelle, grimper sur ces Andes qui m’ont tant ému. L’équipe compte 5 personnes et pas des moindres. Même madame brune est là, son avion s’est envolé et des stupidités de visa font durer le bonheur. De la fin d’une année nous passons au début d’un voyage, sans autre transition que le plexiglas des vitres du combi qui tremble encore et encore.

Première nuit, à Chosica, on respire, c’est paisible. Pourquoi n’est-on pas venu plus souvent ? Allez arrêtes avec tes remarques. L’hospedaje, lui, mérite quelques clichés. La batisse est d’une époque assez indéterminable, du néoancien plus ancien que néo, la taille du chiot et la hauteur sous plafond ont échappé au rationnement spatial des constructions modernes.

Mais il s’agirait maintenant de se perdre plus encore. On reprend la caretera central jusqu’à Matucana pour s’expédier un honnète pollo a la brasa et s’informer sur les options de cavale. Notre choix se porte sur Marcaway, des ruines, une jolie route, un panorama, on en demande pas vraiment plus. Un autre combi nous dépose au petit pont où nous laissons derrière nous la carretera central, sombreros chaussés, mochilas sur les épaules. Mais bientôt le soleil se cache, les dos se fatiguent, un pueblo apparaît. Pas grand monde sauf un petit monsieur qui nous accueille chaleureusement et nous propose d’aller camper sur le terrain de foot, avec les vaches. Là à 3heures de Lima, c’est un autre monde, pas un lampadaire, pas un moteur, des eucalyptus, une rivière, de la nature et rien d'autre. Le feu crépite méchament et donne de bonnes braises pour réchauffer les patates. Il fait nuit noire et nous ne luttons pas contre le rythme que nous suggère le soleil.

Libérés du gros de notre barda, nous nous mettons en route de bonne heure pour gagner Marcaway . En fait nous n’arriverons jamais à Marcaway. Mais nous trouvons les ruines cachées sous une dense végétation, d’avantage à imaginer qu’à voir. Le panorama, lui, a de la conversation et je l'écoute sans broncher. Revoilà ce vide qui remplit, ce silence chargé de légèreté que nous venions chercher. Sur le chemin du retour on dérange la mamita pour qu’elle nous vende un fromage et un petit peu de pain. Le déjeuné descendu, c'est nous qui descendons pour chercher les affaires et rentrer à Lima, régénérés.



samedi 9 juillet 2011

Arrêt Kippa

A l’heure où le regard se pose bien plus naturellement sur le cône supérieur du sablier, il est de bon gout d’immortaliser le temps mort de ce qui fut l’un des derniers voyages, à Arequipa. Départ le 24 juin au soir, pleins d’enthousiasme dans le semi cama. Cette jolie brune et moi, ça faisait un petit moment qu’on prévoyait de rebleuter le ciel de nos journées grises, a fuera de Lima.

Réveil en douceur sur la panaméricaine Sud, des sommets enneigés trahissent la sécheresse de la côte. L’hôtesse me tend un sandwich jambon fromage, je lui rends un merci mais bon dommage, mon estomac lui, dort encore. Un merci aux taxis et nous embarquons dans la combi qui nous mène au centre. L’air est pur, les rues agréables, photogéniques. La lumière est puissante, les ombres sont nettes, la capitale est loin. Arequipa, la ville relai pour les cambrioleurs européens n’a pas été zappée par les architectes du vice royaume : le centre regorge de vielles bâtisses coloniales en sillar, pierre blanche du coin et vaut la promenade qui inclut aussi Santa Catalina, le très vieux couvent franciscain qui surprend par ses ocres provençaux et ses bleus grecs. Photos faciles.

Enfin ça vaut aussi le coup de s’éloigner des arcades de la place d’arme pour déshabiller un peu plus la cité. La fin d’après midi sur la colline de Yanahuara est particulièrement agréable, et les petits vieux le savent. On se verrait bien vivre à Arequipa pour un temps, et aussi en grande partie parce que le fromage que l’on goûte sous la vielle halle du marché central ne laisse pas indifférent. L’abuela avec qui nous partageons notre banc au déjeuner non plus, dans la mesure où elle nous indique avec délicatesse que les athées que nous sommes avons deux places réservées chez Satan. Quant à elle, Jésus lui ofrira un billet pour les états unis en 2012. Son mari qui écoute d’une oreille lui dit de laisser manger les jeunes et nous sourions.





Pourtant l’heure est au nomadisme et nous partons pour Cotawasi, un canon moins connu et atouristique que Colca. Il faut dire que l’accès requiert détermination : 11 heures de bus franchement poussiéreux sur une route franchement pas goudronnée. Le voyage retrouve sa connotation sismique. A trois heures du matin, quand depuis une demi heure le sommeil avait enfin gagné sa bataille avec les secousses, nous voilà dans le froid sec d’un pueblo andin perdu que nous découvrirons demain, après un réveil plus tolérable.

Cotawasi n’est pas grand mais il est vivant, la ruelle centrale grouille de sombreros qui s’affairent entre les vielles bâtisses écrues aux volets de bois inégaux et petits balcons de travers. La municipalité nous éclaire sur les itinéraires et nous voilà partis pour la première journée à cavaler entre les murs de pierre des champs irréguliers. On cherche une lagune mais trouve à se perdre. La lumière est forte alors les pupilles se rétractent et la vision se voile d’un doré de vielle photographie.

Le lendemain nous foulons de bonne heure les pavés endormis jusqu’à la combi qui nous emmène à Sipia, une faille vertigineuse dans laquelle se jette le fleuve. Au milieu des cactus la vallée s’éclaire progressivement. Le combi ne faisant qu’un aller retour par jour, on l’intercepte quand il rentre à Cotawasi pour attraper celui de Pampamarca. La nuit tombe vite, avec elle la température et quand le petit combi fini son ascension dans le petit village le soleil a déjà finit son service. Les rares lampadaires dévoilent les vieux murs en pierre et dans l’obscurité des ruelles nous entendons par ci un téléviseur, par la une radio mais globalement ça reste calme, et l’isolement est total. Notre promenade nous fait rater la soupe et nous allons cuisiner dans la modeste boutique de notre aimable logeuse avec qui nous partageons notre vin artisanal un peu sucré.

Réveil avec le soleil. Elle ne me croit pas quand je lui montre le haut de cette montagne sur laquelle s’adosse avec humilité le petit village. Et pourtant c’est l’arrivée de la grimpette matinale. La pente est têtue et nous sommes à 4000 mètres alors il faut s’accrocher dans les boucles qui mènent à la forêt de pierres du sommet. Mais les efforts sont récompensés et la haut, perchés sur la crête, la terre est ronde. La forêt dévoile un paysage lunaire, digne de Dali : on se sent plein et on ne se sent plus.



dimanche 3 juillet 2011

Machu Piccheck

Il y a 3 mois je suis retourné à Cuzco. C’est pas que je sois maniaque de la régularité mais je raconte mes voyages jusque là et je l’ai un peu mauvaise de laisser passivement mon blog devenir blague.

Étape 1, la famille atterrit et déjà le nombre de Osés au Pérou se multiplie par 4, les ingrédients se mélangent, le Perreux, le Pérou, des pandas au Luxembourg. Soit, Ibéria fait des miracles, et je suis bien content de retrouver mes homonymes en vacances scolaires. Pour moi non, les cours continuent, mais j’ai un alibi béton pour gruyerer mon assiduité alors qu’importe, je leur définirai Lima et, por fin, nous iront au Machu Picchu.

Cuzco n’a pas changé en 3 siècles, en 1 mois non plus, c’est toujours saisissant de beauté quoiqu’un grain touristique. La taille de la ville parvient néanmoins a diluer les gringos et nous passons une agréable journée. Autant se doucher le soir, le lendemain on part tôt, direction la cité perdue et maintenant bien retrouvée des inkas. Par allergie au tourisme de masse nous préférons les secousses du combi de Santa Teresa à l’écoeurant monopole sur rail qui mène à Aguas Calientes.

La fratrie blanchit à chaque virage de la sinueuse piste mais ne désespère pas. Arrivés à Santa Teresa nous trouvons un petit pueblo où passer une nuit paisible et recevoir de cette humaine chaleur andine. Réveil, petit dej chez notre cuisinière de la veille au soir, provisions au petit marché et direction central hydrolelectrica, au pied de la dite vielle montagne. Seul le vert junglesque parvient à s’accrocher à ce mur minéral qui nous fait face, le sanctuaire se trouve en haut. La vache. Le lama. Lo que sea.

Et nous voilà, aventuriers convaincus, à marcher sur les rails du train au milieu de la jungle, longeant le puissant Urubamba qui presqu'île la montagne la plus connue du Pérou. Jusque là, pas un chat. On aperçoit la haut le pain de sucre, l’envers de la carte postale, premières émotions. Nous marchons et marchons encore, les plus petites jambes suivent sans rechigner et puis nous arrivons à Aguas Calientes, checkpoint nécessaire et business juteux pour le type déguisé en inka qui se pavane devant les terrasses et semble y croire autant que nous.

4 heures du matin, il fait noir, les goûtes frappent la taule du toit, je laisse la petite ville endormie, cape de pluie sur le dos, lampe de poche à la main, et commence à suivre les rails qui la divisent. L’obscurité, un tunnel, puis deux puis trois et la station fantôme du Machu Picchu apparaît. Je laisse la voie et descends les marches sur la gauche. Sous le lampadaire devant les grilles du pont qui enjambe l’Urubamba attendent déjà le reste des têtes brûlées qui font l’ascension de nuit. Puis les grilles s’ouvrent, l’obscurité ne bronche pas, la longue procession de lampes de poche s’époumone de l’irrégularité des marches qui mènent à l’entrée du Machu Picchu. L’adrénaline gagne les nuques, la sueur trempe les dos qui se tournent parfois pour observer la vallée qui se révèle au rythme du jour qui commence à poindre.

La junglesque escalade aboutit aux tourniquets, puis au tampon qui dit Wayna Picchu, ce jour là j’aurai donc été parmi les 400 premiers. Le souffle retrouvé se coupe de nouveau face à la citadelle inka qui se réveille au milieu du théâtre naturel bleuté de verdure. Le cliché présent depuis plus d’un an dans ma tête recouvre avec majestuosité ses 3 dimensions.


vendredi 6 mai 2011

Señores pasajeros, hemos llegado a la ciudad de Lima

Toujours tentant de radoter sur le temps qui passe quand un mois a filé depuis le dernier message et que déjà le sonne le milieu de semestre. C'est que le retour a été absorbant, chronophage et sans doute plus occupé à vivre qu'à raconter, c'est bien aussi.

Au risque de sonner aigri, j'avoue qu'après trois mois de cavale et d'hygiène relative, je me sens apaisé quand j'empoigne la porte de ma nouvelle chambre du 3ème étage. Lumineuse et sèche. Les 3 mètres carrés gagnés marquent un révolution spatiale, j'ai gagné une table de nuit qui remplacera mon tiroir d'en bas. Les étiquettes ont changé de place dans les frigos, les nouveaux sont là avec une représentation notable de la Finlande et de la Corée. Il est bon de s'emmitoufler à nouveau dans ce manteau de douillettes habitudes.

Étendre mon linge propre au soleil de la terrasse, bricoler ma chambre sans penser à rien d'autre que les enceintes qui ronronnent à côté, traîner 5 minutes nocturnes sur le toit à regarder pousser les immeubles de la ville qui s'endort, m'enfariner les moustaches avec le pain arabe du Metro, faire un sourire à la petite brune de la caisse rapide, sauter dans le combi cumbia qui s'essouffle à toute fumée sur la Marina, côtoyer l'amusante nonchalance du prof de sport, rentrer délassé et mijoter une petite douceur tout en essayant de placer les dernières nouveautés linguistiques de mon répertoire avec un collocuteur.

Mais qu'on ne s'y méprenne, il y a aussi de l'inédit au menu à commencer par l'académique. Le gros de mon labeur consiste à prendre des photos, les développer dans une chambre noire, me promener dans Lima au prétexte d'un cours d'urbanisme, bon et puis oui, lire des textes, on est pas chez Mickey non plus et tant mieux. Lima de son côté semble plus optimiste sous son ciel bleu. Et puis on commence à mieux se connaître, certains soirs je dépasse sa façade Barranquine pour varier les plaisirs dans le Centro ou à Pueblo Libre. Me voilà donc reparti pour un tour sans aucune envie que le manège ne s'arrête.


jeudi 7 avril 2011

Wayna Wasi

Après Cuzco, le plan était d'aller sauver le monde.

Oui, après 6 mois au Pérou, toujours pas de volontariat à mon actif, je virais donc passif. Cet impératif d'engagement, j'y répondrai alors peut-être en Apurimac, à Andahuaylas, à Illahuasi, à Santa Rosa, où, pendant deux semaines, le projet était d'équiper l'école maternelle de cette petite communauté en construisant un comedor (un espace pour que les mômes déjeunent), un juego infantil (pour que les mômes jouent) et des baños secos (vous traduirez).

Après une chaotique nuit de bus où mes tentatives d'assoupissement se sont vues réduites à néant par le différend entretenu par les les amortisseurs avec la piste, nous arrivons a Andahuaylas pour un café popotte sur les dalles de béton du terminal. La capitale d'une des régions les plus pauvres du Pérou ne paye pas de mine, immeubles de 3 étages rarement finis, grimés de couleurs kitschs, mototaxis, vendeurs ambulants à côté du marché où nous prenons un café entre deux montagnes de Lomo Saltado à 3 soles la plâtrée. Pas un blanc bec. Bientôt nous retrouvons deux membres de l'association Wayna Wasi qui nous emmènent rencontrer le reste de l'équipe qui arrive au compte goute à cause des caprices andins.

Le projet en lui même est à Santa Rosa, appartenant au village d'Illahuasi, perché dans la montagne à 3h de combi sans derrumbe (c'est la saison des pluies et les éboulements sont fréquents). Arrivés à Illahuasi, il faut encore monter, et il n'y a plus de route. Ce sera donc nos jambes, nos poumons et le matériel pour faire des allers-retours d'environ 1 heure dans la montagne. Le détail c'est qu'il faut aussi monter une centaine de troncs pour la construction. Heureusement, les types de la communauté nous aident avec leurs chevaux. La grimpette se justifie, bientôt nous voilà perchés dans un vert vif sous un bleu pur, dans coin de paradis andin. La nuit tombée nous installons nos quartiers dans une des deux salles de l'école.

S'en suivent deux semaines bien trop longues pour être racontées à cette échelle. Deux semaines d'écorçage, de sciage, de traçage, de pause déjeuné méritées, de vêtements boueux, de visages sales, de douches économisées, de déblayage de routes a main nues, d'échange avec les campesinos venus aider, de cuisine avec les mamitas, de monopoly et de maquillage avec les gamins, de délires avec les volontaires, de liens d'amitié, de cuisine dans la fumée, de dîner tous rassemblés. Bref, deux belles semaines d'un quotidien mêlant joie et labeur (joibeur).

Aussi une occasion de découvrir une association motivée et organisée (n'y lire aucune publicité, je raconte ma vie sur un blog hein) qui a su gérer les aléas inhérents au contexte, écouter et s'intéresser aux volontaires (interviews, tours de table). Ce qui m'a aussi séduit et j'y tiens c'est la philosophie du projet: voir ça sur le mode d'un échange, qui a eu lieu, avec les gens de la communauté. Que ce soit du travail ensemble plus qu'une aide verticale écoeurante de gringo venu se racheter une conscience en aidant les pauvres péruviens sous développés. Si c'était le cas, je ne m'en suis pas rendu compte parce qu'en repartant ému au bout de deux semaines, j'ai eu l'impression que l'action n'était pas vaine et que ça ne serait pas fait sans notre soutien. Un seul regret, l'attitude de ces mêmes gens que nous pensons avoir aidé et qui le dernier jour sont venus réclamer comme un du ce que nous leur aurions volontiers laisser: nourriture, outils, argent. Un comportement qui s'explique mais ne se défend pas et qui inspire, dans les moments de pessimisme, une petite amertume sur le genre humain. Au delà de ça, les fausses notes sont rares et je me suis rapproché de gens très loin de moi culturellement, une chance rarement comprise dans les tours opérateurs.

Ah, et puis le dernier week end il y avait le Pucklay, le carnaval d'Andahuaylas où, déguisé, notre petit cortège chantait, un peu éméché mais franchement heureux, Aux Champs Elysées dans les rues bondées de la petite ville.

mardi 29 mars 2011

Ida y Vuelta

J'en suis resté à Buenos Aires non? En fait je ne suis pas resté à Buenos aires.

Il y a une semaine voilà 3 mois que je livrais cavale, jouant a saute montagne à la remontée de la majestueuse cordillère. Pas évident de reprendre le clavier la tête si pleine d'une histoire dans laquelle je me suis perdu. D'abord il y a eu ces presque deux mois avec ces presque deux moi à travers la Patagonie, la région des lacs, la capitale chilienne, le pays salteño, l'Atacama et la Bolivie. Mais ce n'est pas cette histoire là que je vais vous raconter, vous n'aurez qu'à la lire par là : http://vuelta-loca.blogspot.com/ , quand elle sera écrite.

Mon histoire, elle, recommence au départ des collines adobées de La Paz, ou plutôt quand, ému sur le quai, je fais des signes à mes deux compagnons de vadrouille montant les marches du bus. Me voilà au milieu du terminal, avec mes 30 kilos, le cafard frappant à la porte de mon humeur. Pas question de lui ouvrir, le La Paz - Cobacana part dans une heure, j'en serai.

Trois heures et demi à faire des lacets dans les verdoyantes montagnes qui surplombent le lac argenté et me voilà arrivé dans la petite ville au pied de la colline. Le temps d'une soirée en tête à tête avec le réchaud au chaud de ma chambre et c'est déjà demain. Je décide de monter à l'assaut du cerro depuis lequel j'entends bien clicheter deux trois cartes postales. Arrivé en haut, mes 20 ans époumonés, je remarque deux vieux en train de picoler et réalise que l'altitude me joue encore des tours. Mais la vue valait l'abus, le Titicaca ajoute un bleu de plus au camaïeu des nuages et du ciel et la lumière est toute particulière. Bientôt je descends mettre fin à ce doux moment de solitude pour accueillir deux voyageuses familières rencontré peu avant. Le lendemain nous embarquons pour la Isla del Sol, très beau encore une fois.

Et puis ciao Copacabana, nous déposons mademoiselle M à la Paz et je pars avec mademoiselle L pour les ruines de Tiwanaku. Un peu déçus il faut l'avouer, par rapport à ce que nous promettait le symbole UNESCO sur la carte du routard. Mais il faut être a Cuzco demain et nous devons reprendre la route vers la frontière péruvienne. Le détail est que nous avons misé sur des combis dont 50% des questionnés nous ont nié l'existence. Nous voilà donc non loin des rives du lac sur la route qui le longe par le sud, avec nos mochilas. Nous levons un pouce incertain au passage des quelques véhicules, sans grand succès d'abord. Puis un combi s'arrête, les gamins qui étaient à notre droite courent, je fais de même, nous montons, nous sommes sauvés. La route jusqu'à Desaguardero affiche des couleurs d'une vigueur douteuse mais bien réelles.

Bientôt nous voilà sur le pont, entre les deux panneaux de bienvenue dans les Etats respectifs, genre de no State land au milieu d'un des plus hauts lacs du monde. A la magie de l'instant s'ajoute mon Pérou qui se rapproche. Enfin bon, Desaguadero c'est pas non plus un truc de fou hein. ça ce serait plutôt Cuzco, et on y va maintenant, al toque.

Après une nuit moyenne et une embrouille brillamment résolue avec l'aubergiste, nous partons visiter le nombril du monde, qui, malgré le matraquage architectural espagnol garde un côté hybride. L'affluence touristique se justifie très vite par la beauté de la ville, regorgeant d'hôtels coloniaux conservés, de murs incas, de pierres à 12 angles, de places bien proportionnées, de petits quartiers un peu plus authentiques et tout aussi charmants comme San Blas. Le décor de collines luxuriantes ajoute encore à la photogénie de l'endroit. C'est aussi là que je revois avec plaisir des têtes connues de Baca Flor et que je termine mon épisode. Photos.