vendredi 22 octobre 2010

Dans la jungle terrible jungle

J'aime bien la banlieue. C'est plus vivant que dehors et c'est plus vivable que dedans. Magdalena c'est le centre, le besoin de s'échapper de la ville y est donc plus présent.


S'échapper. On peut s'échapper en buvant un pot le vendredi, un pot d'échappement, on peut s'échapper à quelques heures de combi dans la vallée du Rimac pour chercher un peu de nature dans la Sierra un dimanche, où on peut vraiment s'échapper, voyager, prendre l'avion, décoller.

Destination: Iquitos. Ca a de faux airs de nom grec mais vous n'y êtes pas, c'est dans la jungle que j'allais. La jungle. Avant d'y aller, ca m'évoquait Mowgli et ses potes, Tarzan et sa meuf, des lianes et des animaux qui font peur. Enh y enh y enh. Enfin jusque là rien de tout ca sinon les gesticulations machinales de l'hôtesse qui nous explique comment rester vivant avec un gilet gonflable quand l'avion s'écrasera.

Quand on arrive le premier choc est thermique, chaud et humide. Quelques moustiques déjà sur les vitres du terminal, c'est bon, ma mère m'a rappelé de prendre mon 5 sur 5, je ne devrai pas avoir trop de succès. De plus gros moustiques nous attendent a la sortie pour nous offrir leur service, un nous pique, nous voilà dans un moto taxi / rickshaw / tuktuk, le moyen de transport local. Au bout de quelques klaxons on perçoit déjà la différence. Quelques toits en palmier tressé se dessinent dans la pénombre, on croise des combis sans fenêtre qui nous rappellent les antiquités qui, parait-il, roulent a Cuba. Par souci d'honnêteté je me dois aussi de mentionner que je note non sans sourire la tendance à l'économie de tissu qui caractérise la mode des jolies de la jungle. La ville en elle même vaut le coup d'œil que nous lui donnerons le vendredi: de vieilles bâtisses centenaires qui datent du boum du caoutchouc, des cahutes en palmier qui montent avec l'Amazone, des visages marqués dans les avenues moto taxées, un genre de Barranco un peu plus exotique et cuisant.

Bon et la jungle alors? J'y viens, j'y suis allé du samedi au lundi après avoir conclu avec un guide un honnête deal dégringotisé: nous ne verrons pas les démonstrations de tir a la sarbacane exécutées, pour la photo, avec des feuilles de banane sur le sexe. Nous quittons donc l'agence de Carlos pour le port industriel, un dédale de cabanes flottantes grouillant de vie et d'ambiance où on s'attend presque a croiser Jack Sparrow version péruvienne, presque.

Je laisse ici l'approche chronologique. L'amazone que nous voyons est immensément large, et pourtant il est bas, Carlos nous pointe une marque sur le tronc des arbres: c'est là que monte le fleuve quand il pleut, même Sun Ming Ming (ce basketteur chinois des J-O, ndlr) n'a pas pied la où je marche. Le fleuve s'impose, la nature règne, elle n'a de cesse de le rappeler à nos 5 sens. Les oiseaux entonnent H/24 des chants tantôt électron¡sants, tantôt semblables au grognement d'un jaguar (que nous n'avons pas vu). On est scotchés quand on se retrouve face à cet arbre de 25 mètres de diamètre, couvert de lianes et de vie. On est détendus quand notre barque se glisse de nuit sur les eaux calmes du théâtre des lucioles. La jungle est luxuriante, on ne croise pas grand monde mais on soupçonne la vie sous chaque feuille. Mais tant séduisante qu'elle soit, il faut rester sur ses gardes, ce lac ensoleillé semi couvert de végétation luxuriante abrite des caïmans et des anacondas. Quoiqu'il en soit, quelques soient les moustiques et les degrés qui nous font fondre, l'expérience est unique. Les gens de la selva ne sont pas des grands communicants mais ils sont vrais.

Bon, et puis même si j'aurai aimé m'en passer j'ai trop grandi avec les documentaires animaliers sur la 5 pour ne pas ajouter que ce dont nous avons profité est menacé, que quand l'homme avance la selva recule et que quand il coupe elle trinque. Une conscience se développe mais pour l'instant nul ne peut avancer que les tronçonneuses se résigneront l'été prochain.

Ah et nous l'avons fait. Nous avons pris l´Ayahuasca, le breuvage hallucinogène. Plongés dans l'obscurité d'une chambre, armés de culot et excités par les échos qu'on a eus de cette liane médicinale, nous avons avaler d'un trait la substance brunâtre dont l'odeur ne nous laissait pas indifférents. Puis peu à peu, au son des chants du Chaman nous nous sommes senti partir. Pour les hallucinations je ne savais pas trop, je ne suis pas d'un naturel spiritueux mais n´étais pas à l’abri d'une révélation. On verra bien.. On verra rien. La panthère noire n'a pas pointer ses moustaches. Pourtant cette fin de semaine j'étais High, très High.


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