vendredi 24 septembre 2010

Caminando por Magdalena

Sans introduction, récit d'un fragment de vie compris entre un jean troué et le partage d'un chili con carne avec un inconnu à l'imparfait.

Oui, tout avait commencé par un mouvement trop enthousiaste pour le tissus qui avait laissé une meurtrière béante à l'endroit le moins commode de mon pantalon. Je pénètre donc dans le boulevard de Madeleine, Magdalena del Mar j'entends, avec la ferme intention de trouver une sastreria qui rapiécera mon froc pour quelques trajets de combi. Grâce à l'aide de Luz dont la bonté et l'expérience joignent l'utile à l'agréable, nous concluons un rafistolage barrato qui m'octroie une heure et demi à tuer. Mes pulsions anticipatrices de roadtrip estival me promènent jusqu'à une escuela de manejo supposée proche. Enfin au Pérou ce n'est pas parcequ'on lit quelque chose sur internet que dans la vraie vie c'est vrai. Pas d'escuela. Qu'importe, j'aperçois le dôme de l'église de Magdalena à quelques cuadras, l'occasion d'aller faire le touriste. Finalement je ferai le chrétien, c'est messe nocturne inanimée par une réincarnation péruvienne de Jean Paul II, même débit. Je m'imprègne de l'ambiance particulière qui règne sous la coupole, un peu dubitatif devant le Jésus en plastique allongé à la lumière des néons dans son cercueil de verre. Je fini par y aller, je cherche toujours une auto-école en théorie. Mais au fait quelle heure est-il?

Et la je me permets un saut de ligne et un aparté: c'est là où rentre en jeux le second protagoniste.

Je croyais que ça n'arrivait que dans les films du dimanche soir mais non, nous sommes vendredi et il n'y a pas de caméra. Je demande l'heure au premier venu, qui 5 mètres plus loin me demande si je connais un cybercafé aux alentours, la conversation s'engage de façon naturelle. J'abrège tout de suite le suspense: non, il ne s'agissait pas d'une belle brune aux traits andins. Mon interlocuteur, historien, en connaît un rayon sur le Pérou et pour une fois j'ai l'impression de dépasser les phrases routinières de la conversation entre une connaissance récente et l'étranger que je suis. N'ayant ni l'un ni l'autre d'obligation susceptible de mettre un terme à l'échange il m'accompagne jusqu'à mon jean et je l'invite a casa pour expérimenter le chili con carne qui commençait à manquer à mon palais.

Et là, cette illustre phrase d'Edouard Baer semble prendre tout son sens: "la vie, c'est des rencontres". Oui parcequ'on se sent vivre en partageant son repas avec un type sorti d'un ¿Tiene la hora por favor? au coin d'une rue, on se dit que ce genre de trucs c'est possible et que c'est drôlement chouette.

1 commentaire:

  1. et eugène delacroix ajouta "J'ai beau chercher la vérité dans les masses, je ne la rencontre que dans les individus."

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